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Jane est touchée par le partage du groupe. Elle se manifeste, elle tremble. Elle ne veut pas parler, ce qui est ok. Nous travaillons seulement avec l'énergie. Je lui demande de décrire son expérience. Elle évoque la sensation d'être glacée. Je lui demande de me décrire son sentiment de façon imagée. Elle parle d'un couvercle glacée, qu'elle sent dans son estomac. Je lui demande de parler comme si il était ce couvercle. En tant que couvercle de glace, elle évoque la façon dont elle ferment les "rebords" Alors je lui demande de parler en tant que cette part...et elle décrit d'autres aspects de son expérience. Je lui demande de poser une main à l'endroit où elle situe le couvercle, et l'autre là où est le rebord (sur le côté), puis de respirer dans ces espaces. Cette posture accroît ses sensations. Ses jambes commencent à trembler, alors je l'encourage. Elle sent beaucoup de tristesse, elle pleure, sans rien exprimer. Je l'invite à remuer ses doigts de pieds. Elle a du mal, et n'y parviens que d'un côté. Je la soutiens un moment, jusqu'à ce qu'elle soit en mesure de bouger le second. Puis elle se met à roter, plusieurs fois. Elle déclare que c'est une expérience habituelle. Roter en terme somatique est une libération, et le moyen de faire un mouvement vers l'expression de soi Sans surprise, elle sent que son énergie monte, mais il n'y a toujours pas de mots. J'encourage le déchargement somatique et, petit à petit, elle est en mesure de mettre des mots sur ses sensation. Je lui demande alors de leur parler directement, comme si la personne qui lui avait fait du mal était présente. Cette expérience marqua la fin d'une grande souffrance qu'elle avait porté en silence durant de nombreuses années. En l'amenant à exprimer ses sentiments en tant que métaphore (le couvercle, le rebord), nous avons pu travailler directement dessus. Le fait de se les approprier, lui a permis de contrôler son attention, qui auparavant était diffuse, dans l'évitement (naturellement, personne ne veut sentir la souffrance) Le fait qu'elle reste avec l'énergie, et les sensations du corps, nous a fait dépasser le processus mental, ce qui a permis au détachement naturel de se produire. Si vous restez avec le processus corporel, cela arrivera systématiquement, parce que le corps veut toujours aller vers la guérison.
Dee est une jeune femme qui exprime de la peur. Je demande : - De quoi as tu peur ? Elle a peur des hommes, je lui demande de clarifier. Elle explique qu'elle veut l'attention masculine, mais qu'elle en est aussi effrayé. J'attire son attention sur le fait que, tout en étant thérapeute et professeur, je suis aussi un homme. Elle me dit qu'elle le sait, mais qu'elle ne pense pas à moi de cette manière. Je m'attache à ramener la difficulté dans l'ici et maintenant, dans la relation. Je veux faire de moi un instrument afin de lui permettre de développer son attention à ce niveau là. C'est pourquoi je répond que ,comme je suis un homme, il pourrait être utile de noter ce que ça lui fait. Elle déclare que c'est effrayant, je demande pourquoi. C'est parce que je pourrais la trouver attirante. En quoi est ce que c'est mal ? C'est dangereux, parce que je pourrais tomber amoureux d'elle, et créer une situation difficile dont elle ne veut pas. Alors je l'invite à me le formuler directement. "Je ne veux pas que tu sois amoureux de moi, je ne suis pas disponible pour cela." Elle se sent beaucoup mieux, à présent qu'elle a posé des limites. Puis je m'ouvre sur ma propre expérience. Je dis : " Je ne veux pas tomber amoureux de toi. Je te trouve attirante, et ce fait peut exister dans tes limites, et dans les miennes." Nous avons ensuite discuté, comment c'est pour moi, comment c'est pour elle... Elle était au coeur de sa problématique, elle voulait de l'attention, mais elle la craignait. En explorant son problème de façon sécurisée, elle peut expérimenter ce que c'est d'être en mesure de déterminer clairement ses limites, de les exprimer, et de faire avec l'attirance sans se laisser envahir. A plusieurs reprises, elle a senti de l'embaras, alors je ramenais l'attention vers moi et mon expérience. J'ai partagé que je ne trouvais pas cela facile non plus. C'est un aspect de la relation que j'aimerais parfois repousser de ma conscience. C'est pourquoi il est positif de le nommer, et simplement d'expérimenter la connection dans le moment présent, sans peur que la situation ne dérape. C'était une nouvelle expérience pour elle, de différentes manières, qui lui a donné la confiance dans le fait qu'elle pouvait poser des limites, en parler, et ressentir l'aspect érotique de la relation sans que cela ne devienne problématique. La Gesltat se concentre sur l'authenticité, elle permet d'apporter de la conscience dans la relation.
Trudy vivait avec sa tante et son oncle. Ce dernier considérait son intêret pour la psychologie comme frivole, et lui reprochait de dépenser de l'argent dans des ateliers comme celui-ci. Il insistait pour qu'elle trouve un emploi, et lui disait qu'il était temps qu'elle se marie, puisqu'elle avait 26 ans. Quand je lui demandais ce qu'elle sentait dans son corps, elle rapporta une douleur dans les épaules. Au niveau somatique, cela indique généralement une sens des responsabilités trop important. Effectivement, elle ressentait beaucoup de pression à propos du travail, ne sachant pas comment en obtenir un, ni dans quel domaine. Je lui demandais ce qu'elle voulait faire, elle répondit qu'elle aimerait être thérapeute. Néanmoins, elle sentait qu'elle avait besoin de pratique et d'expérience avant d'être prête. Je lui demandais quand cela se produirait. - Quand je serais plus âgée, dit-elle En Gestalt, nous nous interessons à des élèments spécifiques, donc je lui demandais de préciser quel age. Elle repondit "80 ans" Alors, je l'invitais à me dire ce qu'elle aimerais faire entre maintenant et ce moment. C'était difficile pour elle de penser clairement à ce propos, du fait de la pression qu'elle ressentait. C'est pourquoi je l'invitais à faire une pause, à partir en vacances pendant une minute, à être simplement en présence avec moi. J'observais alors quelque chose chez qui me plaisait, et je l'invitais à faire de même. Cette démarche la rattacha au moment présent, l'amenant plus complètement dans sa relation avec moi et lui fournissant une reconnaissance positive (elle rapporta qu'elle ne recevait aucun encouragement, sinon de la pression de la part de ses parents) En Gestalt, nous utilisons ce processus d'ancrage pour permettre aux clients de sortir de leurs "histoires", de leurs schémas. Ce que je lui avais proposé était préçisément une expérience de ce type. Elle se détentit quelque peu, mais c'était difficile. Elle n'était pas en mesure de se donner beaucoup de vacances. Après lui avoir demandé la permission, je m'approchais d'elle, et touchais l'espace qui était douloureux au niveau de ses épaules. Puis je les pressais entre mes doigts. Ce n'était pas un massage, plutôt une façon d'amener dans la conscience dans ce point de tension. Comme elle en a l'habitude, elle le met en arrière plan. A mesure que je relachais la pression, elle fut en mesure de se détendre. Nous avons essayé les petites vacances encore une fois, avant de reprendre la discussion à propos du travail. De nouveau, c'était difficile pour elle. J'exprimais la tristesse que je ressentais en voyant qu'elle avait du mal, et la préoccupation que j'avais en pensant qu'elle risquait de ne pas arriver au grand âge si elle continuait à ressentir autant de stress. Cela amena son attention sur un plan large, sur les conséquences que pouvaient susciter cet état d'esprit. De plus, elle fut en mesure de mettre en perspective le fait que sa manière habituelle de se comporter risquait de la mettre sur une voix qui n'était pas vraiment la sienne. L'approche Gestalt traite largement de la question des choix.
Jake avait des problèmes mentaux. Il avait vécu beaucoup de situations difficiles : des allers-retours en clinique, plusieurs type de médications.. A présent il faisait de la thérapie pour essayer de gérer ce qui lui parraissait un fardeau impossible à porter. Il avait une mauvaise estime de lui même, et peu de confiance en l'autre. Il était très timide. Il prit la parole, il voulait raconter son histoire de souffrance. Je l'ai interrompu immédiatement. Mon jugement était que cette histoire était très vielle, qu'il l'avait beaucoup porté. A présent, elle ne lui servait plus, sinon à obtenir de la pitié, à se plaindre. Elle ne justifiait plus cette souffrance persistante. Je lui dis que j'allais lui donner un moyen de différencier ce qui lui procurait du plaisir, et ce qui lui causait de la peine. Je lui demandais de regarder autour de lui, et d'identifier, dans la pièce, avec qui il se sentait le plus à l'aise. Il désigna son thérapeute, qui était dans le groupe. Je l'interrogeais sur ses sensations. Il ressentait de la chaleur dans la poitrine. Je l'invitais à respirer dans cet espace. Il se détendit, son visage était plus doux. Puis je lui proposais de choisir la personne avec qui il se sentait le plus confortable, il choisit le plus jeune membre du groupe. De nouveau, il respira dans la sensation. Son expérience était de l'ordre de la paix et du contentement. Cela permet de couper à travers l'histoire de la souffrance, et d'être en contact avec un sentiment vivant, rattaché au présent. La Gestalt travaille sur l'ici et le maintenant. Regarder l'histoire peut être utile, pour fournir du contexte, ou une compréhension plus profonde. Cependant, certaines histoires sont fraiches, elles ont besoin d'être dites, d'être entendues. D'autres sont anciennes, et renforcent une certaine part du Soi. Toutes les histoires sont éventuellement ramenées dans le moment présent, c'est à cet endroit que nous avons le choix. C'est un élèment clé de la Gestalt
Ingrid me regarde et dit " Tu as des yeux qui souris" Je répond que c'est mieux que des yeux qui font peur Je veux l'amener en dehors de la polarité, c'est très bien qu'elle se sente en sécurité avec moi, mais c'est seulement parce qu'elle ne voit pas ma part effrayante. Qu'en est il de la sienne ? Mon intention est d'aller vers une relation complète, au lieu d'en rester à une supposée sécurité. Alors je lui demande à quel moment ses yeux sont effrayant, et je parle de moi - de quand je me met en colère, ou quand je suis blessé. Elle me parle de sa colère, je réclame un exemple spécifique. Elle évoque les fois où son mari lui téléphone, et où elle lui dit qu'elle est occupé et n'a pas vraiment le temps de lui parler. A chaque fois, il parle pendant très longtemps, et elle reste en ligne. Cela arrive régulièrement. Alors, je lui propose une expérience. Nous sommes face à face, les mains jointes, et nous reproduisons ce qui arrive avec son mari, quand il va au delà de la limite qu'elle fixe. Lentement, je repousse ses mains, de façon à ce qu'elle ai a répliquer, ou à tomber. Puis je lui demander de pousser. Elle essaye, mais très faiblement. Nous reproduisons l'expérience plusieurs fois. Je l'encourage à tenir son territoire. Finalement, elle rassemble toute son énergie, et me repousse avec force. Ensuite, je lui demande de jouer son mari, et de pousser. C'est un trop grand pas pour elle, que de se transformer en agresseur. Alors, cette fois, je lui demande de ne pas me permettre d'aller au delà de la limite, simplement de tenir et de rencontrer mon énergie. Elle se sent paralysée dans ses jambes, et avec peu de force dans ses mains. Je lui suggère de mettre davantage d'attention au bout de ses pieds. Au bout d'un moment, je lui demande de faire un pas en avant, et je recule. Finalement, tout son corps est impliqué dans l'expérience, et elle est en mesure de me repousser durement, elle utilise vraiment sa force. C'est une rencontre intense. L'expérience a été puissante. Au lieu de parler de la situation, nous l'avons amené dans l'ici et maintenant, entre nous. En m'impliquant j'ai été en mesure de sentir exactement ce qu'il se passait dans la relation, et de l'amener à dépasser sa frigidité, sa faiblesse, pour aller vers une présence pleine.
Wang est un jeune homme brillant. Je veux appliquer avec lui l'approche phénomènologique, c'est pourquoi je commençe par faire une remarque à propos de son tee-shirt, d'un marron tout à fait ennuyeux. Il m'explique qu'il l'a choisi parce qu'il est partiellement daltonien, et qu'il le voit vert. Il utilise le mot "faible" pour faire reference à ses perceptions, tant au niveau des couleurs, que de ses sens, et même dans ses relations. Il révèle qu'il a des difficultés à être en lien avec sa compagne. A mon tour, je partage à propos de mes propres faiblesses dans la perceptions des autres. Cette confidence de ma part ouvre un espace dans lequel il peut s'exprimer davantage. Il veux trouver un moyen de changer, de réparer cet aspect de lui-même. J'attire son attention sur le fait que la perspective Gestalt ne s'attache pas à réparer, sinon à permettre d'être d'avantage avec ce qui est, à entendre les forces et les limitations de chacun avant de chercher, peut être, à étendre le champ des possibles. Je lui demande de me citer des exemples de réussites personnelles. Il commençe, puis il ajoute "mais..." A ce moment là je l'arrête, son attention étant porté sur l'appréciation de soi. Je partage ensuite à propos de mes succès. L'approche Gestalt part souvent de la personnalité du thérapeute, qui peut constituer un exemple. Puis je le questionne à propos de ses limites. Il me founit une réponse évasive. Je lui demande d'être plus spécifique. En Gestalt, nous souhaitons toujours ancrer les problématiques dans des situations concrète, afin de pouvoir les travailler. Il me parle de sa compagne, qui souhaite recevoir de l'appréciation et des mots doux. Il résiste, parce qu'il sent qu'il donne suffisamment. C'est difficile pour lui de comprendre ce qu'elle ressent. A ce moment là, je l'interroge sur le clignement de ses yeux. Il est un peu spécial, très fréquent, et parfois fortement marqué. Il en a conscience, mais mon invitation à explorer cette expérience amène un silence. C'est pourquoi je l'invite à regarder d'autre personnes du groupe, et à faire attention à sa réaction occulaire. C'est difficile, il bouge vite, il ne se rend pas compte. Alors je lui demande d'essayer avec moi, et simplement d'observer ce qui arrive. Cela prend un peu de temps, mais à un moment il fait un gros et lent clignement. Je lui demande ce qu'il s'est passé. Il dit qu'il évite le contact. En Gestalt, nous observons les phénomènes, et tout particulièrement les jonctions, c'est à dire l'endoit où les choses changent. C'est ce moment particulier que nous investigons. Nous avons parlé de la notion d'évitement. J'ai cité une anecdote personnelle, pendant une visite à mon père. De nouveau, le fait que je m'ouvre prépare le terrain pour un contact plus important. Il réagit avec émotion, ayant lui aussi des difficultés à communiquer avec son père. Nous n'avions pas le temps d'explorer cet aspect, néanmoins il est certain que nous y reviendrons. J'arrêtais la séance, en le laissant avec un endroit bien spécifique pour pratiquer son attention. Il était intelligent, et réfléchissait beaucoup, le clignement des yeux pouvait lui fournir un marqueur somatique, qui lui permettrait d'être en lien avec ses émotions, tout particulièrement quand elles étaient trop fortes. Sa capacité à se connecter avec autrui ne pourra être travaillé tant que sa capacité à être en lien avec lui même ne serait pas plus développé. Sa "faible" perception est à présent potentiellement sous contrôle - grâce à l'interruption des clignements.
Julee remarque que, en compagnie du groupe, elle se sent très détendue, parfois somnolente. Elle raconte qu'elle a eu des insomnies pendant 20 ans. Je lui demande ce qu'il se passait pendant cette période. Elle explique que, entre autre choses, elle était très occupé, et avait peu de temps a consacrer au sommeil. Au lieu d'explorer le contexte, j'ai décidé de me concentrer sur le présent, afin d'entrer dans l'expérience Gestalt. Je considère que le sommeil est en rapport avec le lâcher-prise, et que c'est ce qu'elle a été en mesure de faire dans le groupe. Si elle a régulièrement des troubles du sommeil, c'est sans doute parce qu'elle retient beaucoup. Je l'ai invité à explorer le lâcher-prise avec moi. La proposition était qu'elle me tienne le poignet, puis qu'elle me montre comment elle lâchait, et comment elle retenait (selon l'expérience qu'elle avait eu dans le groupe, et avant de s'endormir) J'ai noté qu'elle ne s'accrochait pas beaucoup (principalement avec l'index et le majeur). J'attirais son attention sur ce point, et lui proposais de se relacher. Ce n'était pas difficile pour elle. C'était une petite expérience qui lui a montré comment elle se comporte, et une manière d'agir différemment. Je lui suggérais qu'au moment de se coucher elle porte attention sur la manière dont elle s'accrochait, puis de se souvenir de comment elle avait lâcher prise dans le groupe et sur mon poignet. L'expérience Gestalt a pour vocation d'amener une difficulté dans le présent et de l'explorer activement, de façon incarnée et créative. Quand cela est possible, l'experience à lieu dans le cadre de la relation entre le client et le thérapeute. Elle permet à ce dernier de comprendre de façon directe ce qui se joue, au lieu de passer par une simple description. L'experience apporte de la nouveauté, et permet de porter attention sur des élèments auparavant invisibles, ou sur un détail caché. En Gestalt, nous considérons que lorsque nous portons pleinement attention aux choses, elles ne peuvent demeurer coincées, inachevées ou séparées.. L'intégration se produit naturellement. C'est un concept taoïste
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